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Hôpital de Sion : un établissement moderne depuis 40 ans

En décembre 2019, l’hôpital de Sion fêtera les 40 ans de son déménagement du coteau de Gravelone à la plaine de Champsec. Quarante ans déjà pour une aventure qui n’allait pas de soi, même si son principal artisan n’a jamais douté du bien-fondé de l’opération. (Photo Bourgeoisie de Sion, Médiathèque Valais – Martigny)

« Toujours cette coûteuse idée d’un hôpital de prestige », « Tirera-t-on encore au canon à Champsec ? », « Un hôpital dans le brouillard de Champsec », « Une large partie de la population s’interroge ».

Au début des années 1970, à l’évocation de la construction d’un nouvel hôpital loin du centre-ville de Sion, dans la plaine agricole de Champsec, les critiques, souvent relayées dans le « Nouvelliste et Feuille d’Avis du Valais » ne manquent pas.

« Je pense que s’il avait fallu voter, ce déménagement aurait été refusé. La population n’était pas mûre pour ce déplacement », se souvient René Bornet. Alors directeur de l’établissement, il n’a pas ménagé ses efforts pour réaliser cet ouvrage aujourd’hui quadragénaire. « En ville de Sion, un notable m’avait même assuré qu’il ne mettrait jamais les pieds dans cet hôpital. Je l’y ai ensuite croisé en robe de chambre quelques mois plus tard. Il m’a alors glissé : qu’est-ce qu’on peut parfois être bête ! »

Gravelone : un hôpital à réorganiser

L’anecdote illustre bien l’aventure de cet hôpital moderne, coloré et à la forme circulaire qui a surgi de la plaine, porté par la conviction de René Bornet, propulsé « un peu par hasard à la direction » de l’hôpital de Gravelone alors qu’il n’avait pas 30 ans. « Ils cherchaient un gestionnaire. Je travaillais à l’État et venais d’obtenir ma maîtrise en gestion ». Engagé comme directeur adjoint au terme du concours, René Bornet se rend vite compte qu’il fallait surtout réorganiser l’hôpital plutôt que de « simplement » le gérer.

René Bornet
Directeur de l’Hôpital de Sion durant plus de 30 ans, jusqu’en 2001.

« Les départements ou services tels qu’on les connaît aujourd’hui n’existaient pas. Vous pouviez retrouver un patient avec une jambe cassée à côté d’une dame qui venait d’accoucher. Il n’y avait pas de service d’urgences et si vous n’aviez pas un billet de votre médecin en ville, vous ne pouviez pas entrer à l’hôpital. »

« Il fallait s’agrandir »

Le jeune dirigeant se renseigne, observe ce qui se fait ailleurs et avec le pédiatre André Spahr aménage un espace réservé aux enfants. Le système fonctionne bien, les autres spécialistes veulent aussi « leur » service et l’obtiennent. « La confiance de la population envers l’hôpital, qui n’était pas forcément au plus haut malgré le dévouement du personnel, est revenue. Nous avons alors été victimes de notre succès. Il fallait s’agrandir. »

« S’agrandir, bien sûr, mais comment ? De quel hôpital voulions-nous ? La médecine se développait et il fallait un établissement de qualité pour toute la région, pas seulement pour la ville de Sion. » Les besoins futurs s’avèrent trop importants pour une extension, forcément limitée, à Gravelone, et plusieurs sites sont étudiés avant le choix de la plaine de Champsec. « L’hôpital ne devait plus être un lieu de repos, mais devenir un instrument de travail », rappelle René Bornet. « Il devait se situer à proximité des voies de communication et à un endroit qui ne serait pas déjà trop exigu une fois les travaux achevés. Un expert nous avait conseillé de construire deux fois plus grand que ce dont nous pensions avoir besoin ». L’hôpital achète alors 150’000 m2, soit l’équivalent de 15 terrains de football, à un prix allant de 14 à 40 francs le m2, à proximité de la sortie d’une autoroute encore en projet.

« Le rond permettait des économies »

Après un premier projet très ambitieux, la construction est légèrement revue à la baisse. « Il fallait que les communes puissent assurer son financement et le budget a été réduit à 100 millions de francs. » En 1979, l’hôpital circulaire se dresse au milieu de la plaine. « L’architecture a aussi fait jaser, par la forme et la couleur. Mais le rond permettait des économies, notamment des allées et venues des infirmières. La couleur, orange, avait pour but de trancher avec les bruns et gris qui auraient rappelé les usines de l’époque », note René Bornet.

Photo Philippe Schmid, Médiathèque Valais – Martigny

Le déménagement des 126 patients de Gravelone a lieu le 4 décembre 1979, sans heurts et avec le concours de l’armée. Le premier accouchement a lieu le jour même et les patients découvrent un hôpital moderne qui veut les soigner, mais aussi les choyer. « Nous proposions des chambres à deux lits et avons introduit le menu à la carte, avec du vin, surtout du vin rouge. »

Photo Philippe Schmid, Médiathèque Valais – Martigny

15’000 personnes enthousiastes aux portes ouvertes

Deux semaines plus tôt, les portes ouvertes avaient vu défiler plus de 15’000 personnes enthousiastes en l’espace d’un week-end. « Je ne suis pas un génie, mais j’ai toujours essayé de prendre de bons conseils », note René Bornet, qui a quitté l’Hôpital de Sion en 2001, après plus de 30 ans à sa tête. « Je n’ai jamais douté non plus du bien-fondé de cet hôpital encore moderne aujourd’hui. Mais c’est quand j’ai vu la population, ces milliers de visiteurs lors des portes ouvertes, que j’ai su que nous avions gagné la partie. »

1979


Photo Bourgeoisie de Sion,
Médiathèque Valais – Martigny

2019

Quarante ans après son ouverture, l’hôpital se fond dans la végétation et le paysage.

Projet d’extension des hôpitaux de Sion et Brigue

Un peu plus de 40 ans après, l’hôpital va pratiquement doubler de surface pour poursuivre sa mission au service de la population valaisanne et des visiteurs du canton.
Dans le Haut-Valais, l’hôpital de Viège fermera ses portes au profit du nouvel hôpital unique à Brigue. La mise en service de ces nouveaux bâtiments est prévue entre 2025 et 2027.

Extension de l’hôpital de Sion
Image GMP + Ferrari Architectes
Hôpital unique à Brigue pour le Haut-Valais
Image Burckhard & Partner

Plus d’informations : Les infrastructures de l’Hôpital du Valais

À propos de l'auteur

Joakim Faiss

Journaliste - Collaborateur spécialisé en communication

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