L’hôpital de Sion a accueilli ce printemps la première mise en œuvre d’un traitement de radiothérapie interne sélective (SIRT), aussi appelé « radioembolisation », utilisé contre les tumeurs malignes du foie. Il s’agit d’un traitement récent et innovateur qui consiste à injecter des particules radioactives par voies artérielles directement dans la tumeur.
« Cette méthode d’ablation locale est notamment utilisée contre les tumeurs hépatiques primaires dans des stades avancés avec moins d’effets secondaires que les traitements classiques », explique le Dr Christophe Constantin, médecin-chef du Service d’imagerie diagnostique & interventionnelle du Centre Hospitalier du Valais Romand (CHVR).
L’examen, qui demande un travail pluridisciplinaire et une collaboration étroite entre le service de radiologie, le service de médecine nucléaire et la physicienne médicale, se déroule en deux phases bien distinctes. « Chaque traitement est personnalisé à partir d’une préparation qui adapte précisément la dose de radioactivité pour obtenir le bénéfice optimal du traitement » développe la Dre Yolande Petegnief, physicienne médicale, responsable de la radioprotection de l’Hôpital du Valais.
« Cette nouvelle procédure thérapeutique a demandé un travail considérable de préparation et de formation des différentes équipes pluridisciplinaires en amont des premières prises en charge » souligne Valentin Roessli, technicien en radiologie médicale (TRM), Chef TRM des Services de radiologie, radio-oncologie et médecine nucléaire du CHVR. « Grâce à l’engagement de tous ces acteurs de soins, nous offrons la possibilité à la patientèle valaisanne d’être prise en charge directement dans le canton, ici, à l’hôpital de Sion. »
Phase de planification dix jours avant le traitement
Un premier examen angiographique de planification et de simulation permet d’évaluer la faisabilité du traitement. Pour cet examen, un produit radioactif à faible activité (Tc-99m MAA) est préparé au laboratoire et injecté par le médecin nucléariste lors de l’angiographie. « Nous utilisons ensuite une imagerie hybride (SPECT-CT) pour effectuer des acquisitions en 3D et des images planaires pour évaluer les éventuelles contre-indications et la distribution adéquate du traceur dans la zone à traiter », explique Steven Carrupt, TRM chef d’unité du Service de médecine nucléaire du CHVR. « À partir de ces données, la faisabilité du traitement est confirmée ou non. »
La radioactivité contrôlée contre les tumeurs
« Le traitement proprement dit intervient une dizaine de jours plus tard avec l’injection de microsphères imprégnées par une substance radioactive appelée Yttrium-90 (Y-90) dans les mêmes conditions que lors de la planification », explique le Dr Vincent Soubeyran, médecin adjoint dans le Service de médecine nucléaire. Une boîte spécifique en plexiglas est utilisée pour l’administration de l’Y-90. Elle est indispensable pour une radioprotection optimale des différents opérateurs. Un dosimètre opérationnel (appareil de mesure des rayonnements radioactifs pour un contrôle du personnel) disposé sur la boîte offre un regard en direct sur les doses émises, assurant une sécurité supplémentaire et évitant tout problème potentiel.
En salle d’angiographie, le produit est injecté par le médecin nucléariste, et, après le traitement, une imagerie de contrôle par PET-CT est effectuée pour vérifier la distribution adéquate du traceur et calculer les doses reçues à la tumeur. Le patient peut rentrer chez lui dans la journée.
« La technique est la même que pour une chimio-embolisation standard largement pratiquée par nos médecins interventionnels », résume le Dr Constantin. « La seule différence est qu’à un moment donné, le médecin nucléariste les rejoint dans la salle pour injecter le produit radioactif à la place d’un traitement de chimiothérapie. »
Les techniciens en radiologie médicale au centre de l’intervention
Les techniciens en radiologie médicale jouent un rôle central dans cette prise en charge multidisciplinaire. « Leur rôle en salle d’angiographie consiste à prendre en charge le patient afin que le médecin puisse placer son cathéter dans une artère du foie au plus près de la tumeur à traiter afin de délivrer le produit radioactif au bon endroit », détaille Julien Seiler, TRM référent de modalité dans le Service de radiologie à Sion.
« Avant cela, les TRM préparent la salle à la réception des produits radioactifs et protègent notamment les sols afin d’éviter toute contamination des locaux.
Avant et pendant l’examen, ils rassurent et soulagent le patient s’il a des craintes ou des douleurs. Leur rôle est aussi de fournir aux médecins le matériel nécessaire pendant l’intervention, tout en réalisant des images radiologiques de qualité. »
Enfin, les TRM sont les garants du bon comportement de chacun pour éviter une contamination avec des produits radioactifs. En fin d’examen, ils contrôlent la salle et tous ceux ayant potentiellement été en contact avec du produit radioactif. L’examen terminé, ils raccompagnent le patient à l’hôpital de jour où il restera sous surveillance durant quatre heures avant de rentrer chez lui.
À ce jour, trois patients ont pu être traités. Il est envisagé d’en traiter une vingtaine par an.