Reconnu sur la scène romande et internationale, le Quartier culturel de Malévoz (MQC) se réinvente en proposant, dès 2020, une nouvelle formule. L’ancienne buanderie du Laurier, transformée en galerie d’art en 2011, servira désormais d’atelier d’artistes; ce sera un lieu de découverte et de partage ouvert à tous, artistes, patients et visiteurs.
Une galerie connue et reconnue
L’inauguration d’une galerie d’art dans l’ancienne buanderie du Laurier a été le premier acte de la transformation des locaux abandonnés par l’hôpital psychiatrique de Malévoz en espace culturel. La première exposition, le projet valaisano-quebéquois « Histoire d’un valaisois » de l’artiste québéquoise Sophie Moisan, a essuyé les platres en novembre 2011. Depuis, la Galerie du Laurier a accueilli une cinquantaine d’expositions individuelles ou collectives touchant un large spectre artistique, de la sculpture à la peinture, en passant par le dessin, la photographie, la vidéo, la musique ou le graphisme. En dix ans, plus d’une centaine d’artistes confirmés ou débutants, venant du Valais, de Suisse et du monde entier (Haïti, Népal, Erythrée, Saint Domingue ou Zambie), ont pu présenter leurs œuvres aux patients, aux collaborateurs mais également et surtout aux visiteurs et amateurs d’art.
« Il faut que notre galerie d’art tienne la comparaison », lançait Gabriel Bender, chef du Service socioculturel, à l’ouverture en 2011. Pari gagné pour le sociologue et son équipe: en quelques années la Galerie du Laurier a su faire sa place sur la scène artistique. En 2016, on l’invite à rejoindre l’association LABEL’ART qui fédère les galeries professionnelles du Valais, privées ou institutionnelles.
Changer de cap pour mieux retrouver ses racines
Une question se pose alors : pourquoi vouloir tout arrêter, alors que le projet avait le vent en poupe? « Ce n’est pas parce que tout va bien qu’il faut se reposer sur ses lauriers », sourit Gabriel Bender, responsable du Quartier culturel de Malévoz. « Lorsque nous avons débuté, il y avait peu de galeries dans le Chablais valaisan. Depuis, plusieurs lieux ont été inaugurés ou ont développé leur offre (la galerie du Crochetan et la Fabrik à Monthey, l’Espace Contre-Contre et la Galerie Oblique à Saint-Maurice). Nous avons donc décidé de changer de fusil d’épaule et d’offrir ce que les autres ne proposent pas : un atelier ouvert où les artistes sont invités à travailler sur place et à présenter, avant de quitter les lieux, l’état d’avancement de leur projet ».
Si l’équipe du Service socioculturel a décidé de ne plus organiser d’exposition de façon classique, c’est avant tout pour mieux exploiter le potentiel de cet espace. « Notre force, c’est d’être un lieu atypique et inspirant. Nous pouvons offrir aux artistes un logement et un espace de création au sein d’un site séculaire entouré d’un cadre naturel unique en Valais. La résidence du Torrent est un logement très apprécié et un lieu de rencontre. La Galerie vient compléter le Théâtre du Raccot qui est d’abord un espace de création avant que d’être un théâtre d’accueil ». Si jouer ou exposer est important, pouvoir créer l’est encore plus : grâce à la nouvelle formule, l’inachevé reprend ainsi son droit de cité.
Renforcer la vocation initiale de l’espace culturel
Ce changement de cap n’a rien d’une rupture puisqu’il renforce la vocation initiale de l’espace culturel de Malévoz: transformer les locaux abandonnés en un lieu de vie, de création et de partage ouvert sur la cité, loin de toute stigmatisation et de toute contrainte : « Notre mission est avant tout de favoriser la porosité à l’intérieur de l’hôpital entre l’espace psychiatrique et l’espace culturel, mais aussi à l’extérieur, en créant le maximum de liens avec la cité », rappelle Gabriel Bender. « En dix ans d’activité, nous avons tissé un dense réseau de partenariats et de collaborations, tant au niveau local qu’international. Depuis quelques années nous soutenons des actions de médiation auprès des écoles : Les enfants, les collégiens, les jeunes du semestre de motivation seront toujours les bienvenues ». Grâce à la nouvelle formule, les artistes seront présents sur place en permanence, avec la possibilité physique et logistique d’organiser plus d’ateliers mais également d’autres prestations comme des concerts ou des performances et d’intensifier ainsi les échanges avec les différents publics.
Laura Ige sera la première artiste à travailler dans le nouvel atelier du Laurier
La première artiste retenue est la pianiste argentine d’origine japonaise Laura Ige. Pendant sa résidence à Malévoz, la jeune femme fraichement diplômée avec la note maximale à l’édhéa (École de design et Haute école d’art du Valais), propose de travailler sur une création sonore au piano solo en s’inspirant d’auteurs classiques tels que Rachmaninoff et Chopin. « Il ne s’agit pas de donner un concert de Chopin, entendu dans le sens classique du terme, avec un début et une fin clairement définis », souligne l’artiste. « Je propose une performance faite d’atmosphères itinérantes, répétitions, silences, où le processus narratif brouille les codes des performances telles qu’on le connaît… Le public ne manquera pas d’être surpris ». Du 1er février au 30 mars les patients, leur famille et surtout tous les visiteurs intéressés pourront franchir la porte du Laurier et assister à la naissance d’une oeuvre sonore en cours de création avec l’artiste et musicienne Laura Ige.