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Technicien en radiologie médicale : entre contact humain et technologie de pointe

Avec quelques 120’000 prestations radiologiques effectuées en 2020 sur les sites de Sion, Sierre, Martigny et St-Amé, le·la technicien·ne en radiologie médicale (TRM) joue un rôle essentiel dans la prise en charge du patient au sein du Service de radiologie. Ces spécialistes en imagerie sont près de 80 à travailler au sein du Centre Hospitalier du Valais Romand (CHVR) et leur champ d’activité est segmenté en trois disciplines : le radiodiagnostic, la médecine nucléaire et la radio-oncologie. Cette profession, souvent méconnue, a pourtant fortement contribué aux diagnostics et suivis des patients atteints de COVID-19.

Nous avons rencontré deux de ces professionnels en blouse bleue, afin de mettre en lumière le quotidien d’un technicien en radiologie médicale spécialisé en radiodiagnostic, et ainsi comprendre son rôle au sein de l’hôpital, mais également durant la pandémie de COVID-19 :

Quel est le rôle d’un technicien en radiologie médicale (TRM) ?

Véritable expert en imagerie, le TRM réalise une profession dite « médico-technique » associant performances techniques et relations humaines. Ce professionnel de santé est formé dans trois grandes disciplines. La première concerne le Radiodiagnostic. Dans ce champ d’activité, les TRM sollicitent de nombreuses techniques, méthodes d’imagerie médicale pour prendre en charge une patientèle variée afin de réaliser des images du corps humain. Soit à l’aide de rayons X (radiographie, radioscopie, scanner, mammographie, etc.), d’ondes magnétiques (IRM) ou d’ultrasons (échographie). « Nous apportons notre soutien au diagnostic médical effectué par les médecins radiologues et collaborons également avec d’autres spécialistes tels que les urgentistes, orthopédistes, intensivistes ou oncologues qui nous mandatent fréquemment pour le suivi de patients », explique Laetitia Kolher, technicienne en radiologie médicale à l’hôpital de Martigny.

Laetitia Kohler
TRM à Martigny

Ils fournissent également une aide précieuse aux médecins radiologues et cardiologues interventionnistes dans la réalisation d’actes à visée thérapeutique (infiltrations, dilatation artérielle périphérique ou coronaire, biopsie, etc.).

Les techniciens en radiologie médicale sont également formés dans le domaine de la médecine nucléaire. Ce champ étudie de manière objective la physiologie des tissus et organes internes au moyen de très faibles quantités de substances radioactives (radio-isotopes) administrées aux patients, par exemple dans le suivi des cancers.

Enfin, ils sont également experts dans le domaine de la radio-oncologie. La spécificité de ce champ d’activité est le traitement des maladies cancéreuses à l’aide des rayons ionisants (rayons X de haute énergie ou électrons) qui détruisent les cellules tumorales. L’élaboration d’un plan de soins et de traitements du patient se fait conjointement avec les médecins radiooncologues et les physiciens médicaux.

Comment se passe la prise en charge d’un patient en radiodiagnostic ?

Le TRM joue un rôle central dans la prise en charge du patient. Il accompagne le patient, le prépare à l’examen et effectue les images, avant de le raccompagner. Assurant ainsi un lien entre humain et technologie, le spécialiste est amené à réaliser des gestes médico-techniques tels que la pose de voie veineuse pour les injections de produit de contraste.

Les images sont ensuite transmises à un médecin radiologue qui va poser un diagnostic en rédigeant un rapport à l’intention du demandeur. « En s’appuyant sur des années d’expérience le TRM gagnera en expertise et son œil deviendra plus affuté. La communication du diagnostic au patient n’est cependant pas de sa responsabilité », explique Valentin Roessli, TRM chef de services. « D’ailleurs, c’est l’une des difficultés de notre métier : parfois, il nous arrive de déceler une image hautement suspecte pour le patient, mais nous devons rester de marbre et ne montrer aucune émotion. Tout en garantissant une prise en charge humaine et empathique, il faut savoir garder une certaine distance », révèle Laetitia Kohler.

Comment s’organisent les journées d’un TRM ?

Valentin Roessli
TRM Chef des services d’Imagerie diagnostique et interventionnelle, de Radio-oncologie et de Médecine nucléaire

Les collaborateurs sont planifiés sur différentes modalités d’examen.Garant du programme journalier après avoir effectué les contrôles qualité des équipements radiologiques, les TRM font face à des plannings d’examens en perpétuelle mutation. Viennent s’entremêler les rendez-vous ambulatoires planifiés, la patientèle hospitalisée ainsi que celle provenant des urgences. Afin d’imager son propos, Valentin Roessli évoque un rôle de “contrôleur du ciel” : « Afin de limiter autant que possible les “temps morts machine” ou à l’inverse d’éventuels engorgements, ils doivent avoir une vision très claire des différentes demandes d’examen prévues. » Pour ce faire, ils peuvent s’appuyer sur les médecins radiologues afin de prioriser les examens selon des critères de degré d’urgence.

Quelles sont les compétences requises pour être un bon TRM ?

« Tout d’abord, la dimension humaine et les qualités relationnelles sont indispensables », indique Valentin Roessli qui précise tout de même qu’il n’y a pas de liste exhaustive pour être un bon professionnel. « Le temps avec le patient est relativement bref, il faut donc le mettre en confiance rapidement afin d’effectuer les examens dans les meilleures conditions possibles », expose la technicienne.

Le TRM doit s’appuyer sur un savoir-faire et des compétences techniques avancées afin de maitriser son environnement de travail en constante évolution. « Il doit continuellement développer ses compétences pour ne pas être dépassé technologiquement parlant. D’ailleurs certains de nos collègues ont connu, par le passé, le développement des films radiologiques dans les chambres noires. Aujourd’hui, les processus de reconstruction d’image sont tous digitalisés et font appel à de puissants algorithmes informatisés », rapporte en exemple le TRM-Chef.

Un autre aspect important concerne la radioprotection et l’utilisation de rayons X qui n’est pas sans risque et qui demande une grande responsabilité pour le collaborateur, notamment dans la justification, l’optimisation et la limitation de rayons X administrés aux patients.  

Laetitia Kohler mentionne également la flexibilité face à un rythme de travail varié et de horaires irréguliers en raison des gardes (nuits, WE, jours fériés) et astreintes (piquet) qui justifient une disponible des services 24/24h et 7/7 jours.

Les deux spécialistes concluent sur l’utilité d’une bonne gestion du stress et de sang-froid face à des prises en charge complexes.

COVID-19 : l’imagerie thoracique également au cœur de la pandémie  

Dès l’arrivée du virus, les compétences des techniciens en radiologie médicale ont été sollicitées. Comme d’autres services de l’hôpital, les collaborateurs du service de radiologie ont dû s’adapter et réorganiser leur quotidien. La première et la deuxième vague ont été relativement différentes au niveau de la prise en charge des patients, des examens à effectuer, mais également dans l’organisation du service.

Prise en charge des patients COVID-19

Dès la première vague, l’imagerie thoracique a été nécessaire dans la prise en charge des patients COVID-19. Au début de la pandémie, l’imagerie était davantage utilisée pour le suivi des patients dont l’état de santé se péjorait (recherche de surinfection pulmonaire). Elle a ensuite servi à confirmer le diagnostic du COVID et à découvrir l’évolution de la maladie, ainsi que les complications qu’elle engendre.

« On peut, par exemple, identifier sur l’imagerie pulmonaire typique d’un patient atteint du COVID des taches blanchâtres, appelées infiltrat en verre dépoli », illustre la spécialiste en imagerie.

Le TRM chef de services abonde dans ce sens : « Au plus fort de la crise dans notre canton, les scanners thoraciques se sont imposés comme un outil de dépistage pour la patientèle symptomatique. Une quarantaine de radiographies étaient également réalisées quotidiennement aux soins intensifs, en salle de réveil ou encore au bloc opératoire sur des patients ne pouvant pas être mobilisés. Plaçant de ce fait notre corporation en première ligne dans la lutte contre cette épidémie même si nous demeurons des travailleurs de l’ombre. »

L’organisation au sein du service

« Lors de la première vague, l’activité ambulatoire avait été stoppée pour nous consacrer exclusivement aux patients hospitalisés et aux urgences. Afin de garantir une disponibilité de nos plateaux techniques, nous avions alors décidé de dédier des flux spécifiques dans la prise des patients Covid et non-Covid et de séparer les TRM de chaque site en 2 équipes distinctes pour minimiser le risque de contamination. A cette époque-là, nous craignions que nos équipes puissent être décimées par les absences liées au Covid. », raconte le TRM chef qui poursuit : « Par contre, une fois cette première vague passée, il a fallu rattraper les rendez-vous ambulatoires misent en suspens, ce qui a représenté une très forte augmentation en terme de charge d’activité sur les mois d’été. Nos équipes sont ressorties de cette période à bout de souffle et très rapidement la deuxième vague est arrivée. Celle-ci nous a surpris par son intensité et sa rapidité ».

Pour Laetitia Kohler, la deuxième vague a été plus compliquée à gérer : « Contrairement à la première vague, nous avions repris les examens ambulatoires considérés comme urgents (par exemple, les bilans et suivis de cancers)… et à tout ça, ce sont ajoutés les nombreux examens dédiés aux patients COVID, ainsi que les urgences et les patients hospitalisés. ». Elle évoque, en contrepartie, le peu de connaissances au début de la pandémie : « Je me souviens que nous avions pris en charge de jeunes patients très diminués, qui avaient besoin d’une aide importante pour se mobiliser. La maladie faisait peur au début, heureusement, cette inquiétude s’est quelque peu estompée avec le temps. »

« Les cadres TRM et moi-même tenions à remercier et à souligner l’engagement extraordinaire de nos collègues durant ces derniers mois. Au front et face à l’inconnu, ils ont su faire preuve de solidarité. »

Valentin Roessli, TRM Chef de services

Le service de radiologie du centre hospitalier du Valais Romand en quelques chiffres :

– 4 sites : Sion, Sierre, Martigny et St-Amé
– 124 collaborateurs :17 secrétaires, 14 médecins cadres radiologues et 80 TRM
– 120’000 prestations radiologiques par année, dont près de 45% d’origine ambulatoire.
– 4 CT pour environ 23’000 scanners en 2020
– 4 IRM pour près de 10’500 prises en charge en 2020
– 107 jours de formations continues réalisées en 2019
– 39 personnes en formation en 2019, dont 26 étudiants TRM
– 1 call center au numéro unique : 0800 603 800 (du lundi au vendredi, de 7 h à 18 h)

À propos de l'auteur

Malika Storelli

Collaboratrice spécialisée en communication

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