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Cancer du sein : l’accompagnement tout au long du processus de guérison

cancer du sein
Avec quelque 5’500 nouveaux cas par an en Suisse, le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes. La population au-delà de 50 ans est la plus touchée et représente près de 80% des cas. L’annonce d’une telle maladie peut déclencher un profond choc émotionnel chez la personne concernée, contrainte de repenser son quotidien d’un jour à l’autre et confrontée à une nouvelle image de son corps.

Inge Berchtold-Kalbermatter, infirmière en oncologie et infirmière spécialisée en sénologie (breast care nurse ou BCN) au Centre Hospitalier du Haut-Valais (SZO), accompagne, informe et conseille les patientes atteintes d’un cancer du sein.

Quelles sont les raisons qui poussent les femmes à consulter une infirmière spécialisée en sénologie ?

Cela dépend. Bien évidemment, lors d’un tel diagnostic, le sol se dérobe sous les pieds de toute femme. Certaines souhaitent immédiatement tout savoir sur leur maladie, les traitements possibles, les chances de rétablissement et les changements physiques. D’autres préfèrent que nous fassions preuve d’une plus grande retenue en matière d’informations, ce que nous devons accepter. Chaque personne aborde, gère et communique cette nouvelle situation à sa façon.

Pendant la première année, une équipe multidisciplinaire composée de médecins, spécialistes en soins et thérapeutes accompagne étroitement les patientes dont le quotidien est rythmé par les thérapies. Après cette phase intensive de traitement et de suivi, ces femmes peuvent éprouver une sensation de néant. En effet, l’encadrement intensif est terminé et elles n’entretiennent plus de contact avec l’équipe interdisciplinaire. L’infirmière en sénologie joue le rôle essentiel de personne de référence, déroulant une sorte de fil rouge entre les patientes, leurs proches et les spécialistes. Elle participe aux processus dès le début : premiers soupçons, diagnostic, thérapie et suivi.

Consulter une breast care nurse permet aux femmes touchées d’exprimer leurs besoins émotionnels, sociaux ou physiques. L’infirmière les accompagne tout au long du processus de guérison qui peut s’étendre sur plusieurs années. Les femmes peuvent aussi lui confier leurs peurs concernant l’impact et les effets secondaires de leur traitement, les changements physiques et esthétiques qu’elles subiront, ou encore les problèmes d’ordre familial, sexuel ou professionnel. N’oublions pas que le cancer bouleverse le quotidien.

Est-il judicieux de communiquer avec transparence ?

Prendre conscience que l’on est touché par le cancer constitue une épreuve douloureuse. Or, se refermer sur soi-même ne ferait que compliquer la situation, pour soi comme pour les proches. Il est important d’impliquer son conjoint, sa famille ou ses amis, notamment pour éviter toute interprétation erronée. En effet, une chimiothérapie accompagnée d’une radiothérapie et d’un traitement antihormonal n’a rien d’une promenade de santé. De plus, les patientes qui ont des enfants doivent réfléchir à la manière d’aborder le sujet avec eux.

Lors des phases d’impuissance, de colère ou de tristesse, nous mettons tout en œuvre pour nous montrer à l’écoute des femmes et de leurs proches, afin de répondre à leurs attentes et les accompagner dans leurs prises de décision. Nous accordons autant d’importance à la femme et à sa santé qu’à sa maladie.

Dans cette optique, nous visons des soins et un suivi holistiques. À mes yeux, c’est une tâche merveilleuse qui demande aussi une grande empathie, en choisissant par exemple quand et comment donner les conseils nécessaires ou d’indiquer les bons interlocuteurs et points de contact pour les questions d’ordre social ou professionnel, mais aussi de soutenir ces femmes dans leurs difficultés émotionnelles ou psychologiques. De plus, dans les situations familiales complexes, je n’hésite pas à leur suggérer le recours à l’aide familiale par des associations d’aide et de soins à domicile. En résumé, je leur apporte un soutien complet.

Se sentir femme, hier, aujourd’hui… et demain ?

« Comment soigner mon apparence malgré les effets secondaires comme la chute de cheveux (alopécie) ? Comment puis-je avoir l’air en meilleure santé ? Comment vivre avec les changements d’ordre physique (ablation par ex.) ? » La personne atteinte d’un cancer se pose souvent de nombreuses questions. Des cours de maquillage et des conseils en matière de port de foulard permettent de répondre à certaines d’entre elles. Ils contribuent en outre à la qualité de vie et au processus de guérison. Ainsi, tous les deux mois, la fondation Look Good Feel Better et le site de Viège du SZO proposent des ateliers beauté gratuits de deux heures aux femmes touchées par un cancer. Une esthéticienne et une infirmière leur donnent des informations sur les soins de la peau ainsi que des conseils de maquillage quotidien ou plus festif.

Cette maladie n’épargne pas les jeunes femmes pour qui le désir d’enfant peut devenir source d’inquiétude. Si jeunes, elles portent déjà le fardeau de la maladie qui jalonne leur vie au rythme des mammographies, IRM et ultrasons. Il faut comprendre à quel point il est difficile d’accepter cette situation et de vivre avec, surtout quand on est jeune.

Au cours du processus de guérison, les femmes changent. Elles deviennent généralement plus sûres d’elles, prennent davantage soin de leur personne et osent exprimer leur opinion. Elles apprennent par exemple à dire « non ». C’est un effet secondaire positif que je constate régulièrement.

Comment l’association caritative Bärgüf apporte-t-elle son soutien aux personnes concernées ?

Cette association finance des soutiens-gorges destinés spécialement aux femmes ayant subi une opération mammaire. En effet, après une ablation ou une reconstruction, il est très important de porter un soutien-gorge confortable et offrant un bon soutien, pour ainsi contribuer à la guérison. Depuis 2018, grâce à Bärgüf, nous pouvons offrir à nos patientes un bon d’une valeur de 160 francs pour une consultation mammaire.

Les hommes peuvent-ils aussi être touchés par le cancer du sein ?

Chaque année en Suisse, une cinquantaine d’hommes se voient diagnostiquer un cancer du sein. Les patients masculins sont donc plutôt rares au centre du sein. Pour eux, la situation s’avère encore plus difficile que pour les femmes, car ils ressentent une certaine honte face à la maladie. Nous les accompagnons donc avec toute la discrétion nécessaire.

Comment prendre rendez-vous auprès du Centre du sein ?

Toute femme qui détecte une anomalie peut nous contacter. Certaines patientes nous sont aussi envoyées par leur médecin traitant, gynécologue ou par l’intermédiaire d’un programme de dépistage par mammographie. Nous sommes à l’écoute de chacune et chacun.

« Nous accordons autant d’importance à la femme et à sa santé qu’à sa maladie. À mes yeux, c’est une tâche merveilleuse qui demande aussi une grande empathie. » 
Inge Berchtold-Kalbermatter, infirmière en oncologie et infirmière spécialisée en sénologie au Centre Hospitalier du Haut-Valais

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Diana Dax

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