Selon les estimations actuelles, environ 153’000 personnes en Suisse sont atteintes de troubles de la mémoire, avec près de 32’900 nouveaux cas diagnostiqués chaque année (selon l’Office Fédéral de la Santé Publique – statistiques 2023). Parmi ces cas, environ 60 à 70 % sont liés à la maladie d’Alzheimer. Mieux comprendre ce qu’implique cette maladie permet non seulement d’améliorer la qualité de vie des personnes concernées, mais également d’identifier les différentes options de prévention, de prise en charge, et de soutien disponibles pour les patients et leurs proches.
La Dre Oana Simionescu, médecin adjointe du Service de neurologie, répond à quelques questions sur cette maladie.
La maladie d’Alzheimer, c’est quoi ?
La maladie d’Alzheimer est une affection neurodégénérative qui entraîne une détérioration progressive et définitive des cellules nerveuses provoquant principalement des troubles de la mémoire, auxquelles se surajoutent parfois des troubles du langage ou du comportement (par exemple : manque d’initiative, irritabilité, l’agitation et l’agressivité). La maladie d’Alzheimer est une entité très complexe qui entraîne une série de modifications pathologiques. En effet, cette détérioration des cellules nerveuses est provoquée par l’accumulation de protéines anormales dans le cerveau (protéine bêta-amyloïde et protéine tau). Les dernières études évoquent aussi une probable participation d’autres éléments qui contribuent à cette détérioration (par exemple des phénomènes inflammatoires). Grâce à la recherche, on sait actuellement que les modifications au niveau des cellules cérébrales commencent plusieurs années avant l’apparition des premiers symptômes.
Quels sont les facteurs de risque ?
Aujourd’hui nous reconnaissons plusieurs facteurs qui influencent l’évolution de la maladie :
- L’âge : Cette maladie est fréquente chez les personnes âgées, mais elle peut également se manifester chez les personnes jeunes.
- La prédisposition génétique : dans environ 1 % de cas la maladie est due à la présence de mutations sur des gènes identifiés et liés à la maladie. On les appelle des « formes familiales » car elles se développent précocement, avant l’âge de 60 ans. Mais la plupart des cas se présentent tardivement, après l’âge de 65 ans et ont une origine multifactorielle. Dans ces situations nous ne pouvons pas incriminer un gène spécifique, mais on peut parler, selon le cas, d’une prédisposition génétique. Cela signifie que certains gènes normaux sont exprimés ensemble dans une configuration, ce qui donne une plus grande susceptibilité de développer la maladie d’Alzheimer.
- La présence de plusieurs facteurs de risque : facteur de prédisposition génétique, facteurs socio-économiques, régime alimentaire, facteurs de risque cardiovasculaire (le diabète, l’hypertension artérielle, l’hypercholestérolémie, les maladies cardiovasculaires, l’obésité, le tabagisme actif), la sédentarité.
Que peut-on faire pour prévenir la maladie d’Alzheimer ?
Grâce à des études scientifiques, on connaît aujourd’hui qu’une bonne condition physique et mentale diminue les risques d’être atteints de la maladie d’Alzheimer ou d’autres maladies neurodégénératives. Nous pouvons veiller à maintenir notre cerveau en forme. Notre style de vie peut influencer l’état de notre cerveau. Une alimentation qui protège le cœur a également un effet favorable sur notre cerveau, une alimentation de type méditerranéen est donc fortement conseillée. Entraînons notre cerveau avec une vie sociale active et des activités cognitives (ex. jouer aux échecs, memory, scrabble etc.). De nombreuses études montrent que les processus de dégradation se manifestent plus tard chez la personne qui reste mentalement active.
Quels traitements existent-ils ?
À l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement capable de guérir la maladie d’Alzheimer. Ces dernières années, la recherche a permis des avancées thérapeutiques prometteuses. Plusieurs études ont démontré les bénéfices sur le ralentissement de l’évolution de la maladie d’Alzheimer de l’immunothérapie, des anticorps monoclonaux ciblant les plaques amyloïdes. Ce traitement agit en se liant aux plaques amyloïdes et en les éliminant, réduisant ainsi les dommages neuronaux et offrant la possibilité de ralentir la progression de la maladie. Cependant, en Europe et en Suisse, l’introduction de cette thérapie médicamenteuse est temporisée en attendant des résultats plus convaincants sur l’efficacité et sur les effets secondaires.
Les médicaments actuellement utilisés en Suisse pour traiter la maladie, connus aussi sous le nom de procognitifs, peuvent temporairement améliorer certaines fonctions cognitives. Bien évidemment, avant de commencer ce type de traitement, il faut s’assurer qu’il n’y a pas de contre-indications et informer le patient et son entourage des possibles effets secondaires. Ce type de traitement est habituellement prescrit suite à une consultation spécialisée dans un Centre de la mémoire. Lors de cette consultation, les éventuels troubles de l’humeur ou du comportement (dépression, apathie, irritabilité, hallucinations) sont évalués, et des suggestions de prise en charge sont faites.
Le parcours du patient dans un centre mémoire est une étape cruciale pour diagnostiquer, traiter et soutenir les personnes atteintes de troubles cognitifs ainsi que leurs proches.
N’oublions pas l’importance des approches non médicamenteuses (comme l’ergothérapie, la physiothérapie, la logopédie, l’art-thérapie, la musicothérapie, la danse-thérapie, etc.), seules ou en complément d’un traitement médicamenteux, sont employées pour soutenir les capacités existantes.
J’ai des troubles de la mémoire, que faire ?
Si vous craignez un trouble de la mémoire, n’hésitez pas en parler à votre médecin traitant. S’il le considère nécessaire, il organisera une consultation spécialisée dans un Centre de la mémoire. Cette consultation permettra une prise en charge multidisciplinaire, un diagnostic basé sur des examens complémentaires et des traitements individualisés. Ou tout simplement, ce bilan approfondi permettra de vous rassurer !
Conférence sur l’Alzheimer à l’hôpital de Sion
Dans le cadre de la Journée mondiale de l’Alzheimer, le Service de neurologie et le Centre de la mémoire du Centre Hospitalier du Valais romand vous invitent à une conférence interactive le vendredi 20 septembre 2024 à 15h15, à l’aula de l’hôpital de Sion.
Les professionnels de la santé et les représentants des associations engagées dans le soutien aux malades et aux proches partageront leurs connaissances lors d’une conférence ouverte au public. Ces interventions porteront sur les dernières avancées et innovations concernant la maladie d’Alzheimer, ainsi que sur des sujets actuels liés à la prévention et au soutien des proches. Un échange interactif entre le public et les intervenant·e·s sera également au programme. La conférence se conclura par un apéritif, accompagné d’un auto-atelier comprenant des exercices pratiques sur la maladie d’Alzheimer. Des stands des associations Alzheimer Valais, Pro Senectute Valais et Proches Aidants Valais seront également présents, offrant au public l’occasion de discuter et de poser des questions directement aux spécialistes. Plus d’informations : 2024_-_CHVR-_Invitation_-_Journee_Alzheimer_-_Flyer.pdf (hopitalduvalais.ch)
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